The Kingdom, Paradeisos, 2017
Série « THE KINGDOM » 2009-2017
Cette série débutée en 2009, constitue une étape essentielle dans le travail de Seb Janiak.
« The Kingdom » est inspiré par le livre des morts Tibétain, le "Bardo Thodol" dans lequel, l’âme dépouillée de son enveloppe mortelle doit faire face à ses désirs refoulés, à ses colères, à ses peurs, trace de son passage dans la matière sur terre. Pendant les 49 jours du Bardo, la conscience de l’âme doit comprendre que toutes ces visions parfois démoniaques ne sont que des chimères, une illusion engendrée par la peur et ce n’est qu’à ce moment là que la véritable lumière prend le dessus et guidera l’âme vers l’unique lumière du Dieu créateur.
Dans ce silence aux nappes enveloppantes, la forme perd son rythme et son assurance. La face apparente de ces photographies monumentales n’est là que pour nous permettre d’atteindre sa face secrète. Elle-même, telle une fenêtre surnaturelle, s‘ouvre à la limite du monde où nous vivons enclos ; plus loin commencent d’obscures étendues où n’accède plus la raison, mais l’âme.Il s'agit autant d'une quête personnelle que d'un jeu pour un artiste mu par la volonté de ne pas s'en tenir aux apparences. Tenu en éveil par un questionnement incessant sur le monde, Seb Janiak ébauche des réponses, des propositions. Par l'image. Ce monde fictif qui sous nos yeux s’organise à sa guise, avec les dépouilles du monde réel, révèle l’essence la plus particulière d’une âme.
Dans cette composition par la lumière, tout y est ordonné, disposé par la répartition des clartés. De la masse d’ombre qui constitue son espace se détache une lueur blanche qui est celle du rapprochement avec le divin. La photographie devient un langage des profondeurs spirituelles et nous renvoi dans un face à face avec l’âme.
The Kingdom, loi spectrale du rayonnement, 2011
Pour l’artiste, la lumière cesse d’être la clarté qui met en évidence ce qui est ; elle est une émanation, une irradiation divine, une silencieuse puissance qui ne parle qu’aux âmes. Il faut Transgresser le visible pour accéder à l’invisible.
Toutes ces images du monde physique ne sont plus que l’annonce d’un autre : le monde spirituel. Leurs richesses, leurs somptuosités, dont l’artiste ne dédaigne pas de capter l’éclat, ne paraissent plus que l’avant-garde d’une splendeur d’un autre ordre, dont il nous signifie l’obsédante présence. Ce langage des profondeurs spirituelles nous ouvre toutes grandes les lourdes portes d’un inconnu, que nous détenons en nous.
The Kingdom, above, 2010
En créant son œuvre, l’artiste a ouvert une fenêtre sur son âme. On ne peut s’attendre à trouver en celle-ci la clarté qui est l’apanage exclusif de la raison. Partout ailleurs ne sont que tendances, poussées confuses, tourbillons et remous, où l’esprit, même lorsqu’il s’est accoutumé à cette pénombre des arrières plans de l’esprit, a peine à se reconnaître.
Les religions ont toujours fait appel aux images pour communiquer ce qui excédait le pouvoir des paroles. L’obscurité dès lors ne vient plus de la défaillance de la lumière, mais plutôt de la défaillance du regard incapable de supporter des clartés trop puissantes qui excèdent ses moyens.
L’œil écoute a dit Claudel, marquant bien qu’il faut percevoir au-delà des évidences immédiates. Qu’écoute-t-il ? « Les Voix du silence » a répondu Malraux.
The Kingdom, Bardo Thodol 3eme jour, 2017
Note technique
Le travail commence toujours avec un croquis sur papier. Ensuite, chaque nuage qui servira à la composition finale, est photographié, puis isolé et découpé. Le respect des perspectives, de la direction de la lumière et de la colorimétrie permet la création d’une image finale qui ne nécessite aucune retouche ni trucage numérique.
Depuis 2008, l’artiste n’utilise que des techniques empruntées aux primitifs de la photographie tels Henri Peach Robinson, Edouard Baldus, Gustave Legray ou Oscar Gustave Rejlanderen, à savoir le photo-montage, la sur-impression et la double exposition.
The Kingdom, the space beetween us, 2013
The Kingdom, Bardo Thodol, 2010
The Kingdom, moon above clouds, 2008
The Kingdom, Bardo Thodol 1eme jour, 2017
The Kingdom, Bardo Thodol 2eme jour, 2017
ENGLISH
This series, started in 2009, constitutes an essential step in Seb Janiak works.
“The Kingdom” is inspired by the Tibetan Book of the Dead, the “Bardo Thodol” where the soul deprived of its mortal envelope has to face its repressed desires, its angers, traces of its passing through the matter on earth. During the 49 days of the Bardo, the conscience of the soul has to understand that all these sometimes diabolical visions are not but fantasies, an illusion created by fear and that only then the true light gets the upper hand and will guide the soul towards the one and only light of the creative God.
In this silence of shrouding layers, the form loses its rythm and assurance. The visible face of these monumental photographies is only there to allow us get to its secret face which, as a supernatural window, opens at the border of the world where we live walled in; further begin dark areas the reason cannot reach but only the soul.
It is as much about a personal quest as about a game for an artist moved by the will not to be held in appearances. Staying on the alert through a constant questioning on the world, Seb Janiak sketches answers, proposals. By the image.
This fictitious world which under our eyes gets organized as it pleases, with the remains of the real world, reveals the most specific essence of a soul.
For the artist, the light stops being the clearness which highlights what is: she is an emanation, a divine irradiation, a silent power that talks to souls. It is necessary to break the visible to reach the invisible.
All these images of the physical world are not more than the announcement of another one: the spiritual world. Their richness, their magnificences, of which the artist does not disdain to get the brightness, do not appear more than the avant-garde of a splendor of a different order, obsessing presence of which they inform us. This language of the spiritual depths wide opens for us the heavy doors of an unknown we hold in ourselves.
In creating his works, the artist has opened a window on his soul. We cannot expect to find it in the brilliance which is the exclusive privilege of the reason. Everywhere else are only trends, confused outbreaks, whirls and stirs, where the mind –even when used to this twilight of the backgrounds of the mind- has troubles in recognizing itself.
The religions have always appealed to images to communicate what exceeded the power of the words. The darkness from then on does not come anymore from a lapse of the light but rather from the failure of the look unable to stand too powerful brightness that exceeds it means.
The eye listens says Claudel, standing out although it is necessary to perceive beyond the immediate obvious facts. What does he listen to? « The Voices of Silence » answered Malraux.
About the technics : Master of Photography
© Seb Janiak